Patrimoine

Marcel Sembat

Marcel Sembat est né le 19 octobre 1862, à Bonnières-sur-Seine au sein d’une famille de la moyenne bourgeoisie. Il fait d’excellentes études successivement à Bonnières,  Mantes-la-Jolie, puis à Paris, au collège Stanislas (1875-1880), avant de passer son doctorat en droit à l’université de Paris en 1884.

 

L’avocat : Il choisit la profession d’avocat et s’inscrit au barreau de Paris vers 1885. Il exerce très peu et essentiellement dans des affaires politiques mais suffisamment pour se faire remarquer et apprécier comme un redoutable orateur.
Le journaliste : Comme nombre de ses  confrères de la IIIème République, il se dirige vite vers le journalisme et la politique.  Ce lecteur insatiable s’oriente, par la lecture des théories évolutionnistes du philosophe anglais Herbert Spencer, vers le socialisme, et créant, avec quelques amis, en février 1891, la Revue de l’évolution sociale, scientifique et littéraire, qui disparait dès septembre 1892.
Chroniqueur judiciaire à La Petite République française, il rachète ce journal en 1892
, et assure la direction du 7 janvier au 19 juillet 1893.Très régulièrement, il collabore à La Revue socialiste, La Lanterne, et L'Humanité, journal dans lequel il tient une rubrique de politique étrangère. Il assure en 1918 et 1919 la direction politique du journal L'Heure dans lequel il publie tous les jours un article.

Le franc maçon : Parallèlement à son militantisme politique, Marcel Sembat prend une part croissante aux activités de la franc-maçonnerie, à laquelle il est initié à Lille en 1891. En 1897 il rejoint à Paris le Grand Orient de France, est l’un des fondateurs de la loge La Raison, à Montmartre en février 1898. En 1910, il devient vice-président du conseil de l'Ordre et président de la mission des affaires administratives du Grand Orient de France. Parmi ses nombreuses activités maçonniques, on notera en particulier la création et l’animation du Comité central des Fêtes et Cérémonies civiles de l’Ordre et la direction de la publication de son organe, les Annales des Fêtes et Cérémonies civiles.

L'intellectuel et le passionné d'art : Marcel Sembat est un homme d’une immense culture et d’une insatiable curiosité intellectuelle. Leur manifestation la plus visible fut son très grand intérêt pour l’art, partagé avec son épouse, elle-même artiste. Membre du tumultueux Salon d’Automne de 1905, celui des « Fauves », il prend à de nombreuses reprises la défense de la « liberté en art ». Il écrit en 1920 la toute première monographie consacrée à Henri Matisse.
Passionné par les recherches les plus en pointe sur
la psychologie, l’histoire des religions anciennes et l’ethnologie, il aime à faire connaître le travail du grand ethnologue anglais James-G. Frazer.

L'homme politique : En 1893, lors des élections législatives, il est élu député socialiste indépendant de la Seine, dans la première circonscription du XVIIIe arrondissement de Paris, celle des Grandes-Carrières, à Montmartre. Il y est constamment réélu jusqu'à son décès en 1922. Il se rapproche en 1895 du Comité révolutionnaire central (C.R.C.), composante du mouvement socialiste qui devient en 1898 le Parti socialiste révolutionnaire (P.S.R.). Adhérent à partir de 1902 au Parti socialiste de France (P.S.F.), il participe activement au regroupement des courants socialistes français rivaux en Section Française de l’Internationale Ouvrière (S.F.I.O.) au congrès de la salle du Globe à Paris, en avril 1905.


L'homme d'état : L’assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, le 3 août, et la prise de position de la S.F.I.O. en faveur de la participation à un gouvernement de défense nationale le propulsent  le 26 août 1914 au sein du gouvernement de Viviani. Il est ministre des Travaux publics du 26 août 1914 au 12 décembre 1916. Il a non seulement à assumer sa participation à un gouvernement de guerre, mais encore à gérer la très grave crise des transports et du ravitaillement en énergie (essentiellement en charbon) pour soutenir l’effort de guerre  et satisfaire aux besoins en chauffage de la population civile. Mis en cause par une très virulente campagne de presse orchestrée par la droite, contesté au sein de son propre parti par les opposants à la participation ministérielle, Sembat quitte son poste à l’occasion du remaniement du gouvernement Briand du 12 décembre 1916.

 Au congrès de Tours en décembre 1920, il vote contre l'adhésion du parti à la IIIème Internationale, cherchant avec Léon Blum à sauver la « Vieille maison ».


Le décès : Il meurt brusquement d’une hémorragie cérébrale à Chamonix le 5 septembre 1922. Sa femme, Georgette Agutte, avec qui il forme un couple parfaitement fusionnel, se suicide dans la nuit du 5 au 6 septembre. Le couple est enterré au cimetière de Bonnières-sur-Seine le 7 septembre 1922.